La maison d’édition « Des auteurs des livres » présente le septième roman de Marc Desaubliaux. Conformément à leur catalogue très éclectique et tourné vers l’humain, ce texte est un récit fictif criant de réalisme. Le talent de Marc Desaubliaux a déjà fait parler de lui. L’artiste s’est illustré à de nombreuses reprises, avec notamment « Un été anglais », « Deux garçons sans histoire », « Journal du désespoir ». Ses romans empreints d’une grande sensibilité traitent souvent des thèmes mêlés les uns aux autres avec finesse.
Une fois encore, l’écrivain plonge son lecteur dans la psychologie de son héros banal et sans filtre. Ici, les pages racontent le parcours chaotique de Louis Puissonier-Tavernier, fils d’un éminent représentant de la Bourse, issu d’une famille bourgeoise catholique française. Malgré des moyens financiers lui promettant le confort d’une vie toute tracée et idyllique, le jeune garçon montre dès l’enfance une prédisposition pour l’inaction. Cette passivité qu’il ne semble pas avoir choisie et dont il est victime sert de toile de fond, dans ce récit très lié à la réalité d’une sphère élitiste. Dans ce roman épais, le lecteur s’immisce dans l’intimité et le cerveau de ses protagonistes. Tout débute par un bond dans le passé : s’ensuit une chronologie de la vie et d’une quête intérieure difficile. A chaque angle, le personnage hésite. Il essaie, jette l’idée, prend la fuite. En retrouvant une autre alternative, le même schéma se reproduit en boucle. Mais le temps s’écoule inexorablement, donnant au texte une tonalité oppressante et bouleversante.
Au cœur de ces traditions mondaines, où l’on ne se marie qu’entre individus de rang égal et de nationalité identique, le poids des parents est écrasant. D’autant plus que le héros reste dans l’ombre de sa sœur malade, Eugénie. L’aspect le plus complexe du cœur du personnage principal est l’amour : venant d’un être qui n’ose pas choisir de camp ou construire un empire solide, cela n’est guère étonnant. Marc Desaubliaux parvient à peindre avec justesse le quotidien des adolescents riches, où l’argent ne fait pas le bonheur.
Un homme sans volonté pourrait se présenter comme une chronique sociale, familiale et légèrement existentialiste sur les bords. Une recherche sur soi, en soi, qui stagne et qui donne à réfléchir. Dans les hautes sphères de l’aristocratie, tout semble prédestiné. La voie professionnelle, le mariage, la religion. Mais ici, la figure de Louis est réactionnaire à ce système ordonné. Les drogues auxquelles il devient accro sont nombreuses, sans doute pour échapper à ce quotidien qui le fait délirer, l’amène dans les coins les plus obscurs de son cerveau dépressif et insensible à tout…
Le rythme du roman est tissé avec brio. Afin de ne pas perdre le lecteur dans un océan d’informations, Marc Desaubliaux a fait le choix de créer une mise en page originale et claire. À mi-chemin entre théâtre, roman épistolaire et journal intime, l’on découvre un genre de récit initiatique où l’initié reste blasé, en marge, en retard. Tous les personnages gravitant autour de cet héritier fortuné ne parviennent pas à faire éclater la bulle. Certains chercheront à l’élever, dont la tante Berthe, qui le présente à un éminent peintre. Ce passionné des arts a beau être talentueux, cette compétence va-t-elle être valorisée comme il se devrait ?
Dans chaque roman se cache un message, qu’il soit absurde, simple ou digne d’un puzzle. L’œuvre complète de Marc Desaubliaux a pour écho la souffrance intérieure et le dilemme constant contre soi-même. Doit-on s’écouter, se laisser couler ou remonter à la surface ? Le monde n’est pas conçu pour plaire et aller dans le sens du courant, alors peut-on blâmer un personnage qui n’y arrive pas, malgré des tentatives désastreuses ? Une manière originale d’approcher la notion relative de réussite.
Pour commande le livre : https://desauteurs-deslivres.fr/product/un-homme-sans-volonte/
Le site de l’auteur : https://www.marc-desaubliaux.fr/
